L’épidémie de Coronavirus entraîne une formidable vague de solidarité !

L’épidémie de COVID-19 à laquelle le monde fait face actuellement n’apporte pas que des nouvelles moroses. Le retour à l’essentiel est de mise, ainsi de nombreuses initiatives citoyennes ont vu le jour pour faire front tous ensembles face à l’épidémie. Garder les enfants et faire les courses des soignants, aider les personnes isolées, remplacer les associations d’aides aux sans-abris, etc. Sur les réseaux sociaux ou dans les halls d’immeubles les idées ne manquent pas pour s’entraider. Dans cette période inédite de confinement, l’intelligence collective n’a jamais été aussi puissante ! Petit tour d’horizon des solutions solidaires.

Internet au service de la solidarité

Victor Hugo n’a-t-il pas écrit : « Rien n’est solitaire, tout est solidaire. » ? Dans une période où le monde entier semble avoir pris une pause pour faire face à une petite bactérie, l’entraide spontanée semble être de mise[1], à l’instar de Camille Roux.  Ce développeur informatique, comme des millions de personnes, a dû rester chez lui pour limiter la propagation du Coronavirus. Pas question pour lui de chômer, l’informaticien a créé Entraide Coronavirus. Au menu : échanges d’information vérifiées sur l’épidémie, partage de bons plans pour aider à s’occuper et s’organiser. Mais la palme revient au site web Covid Entraide. Cette carte interactive présente l’ensemble des initiatives mises en place partout à-travers la France. On n’en dénombre pas moins de 432. Parmi elle on retrouve de nombreux groupes Facebook, WhatsApp ou Telegramm permettant d’échanger des informations vérifiées, se remonter le moral, se prêter du matériel, garder les enfants du voisin, donner des cours aux élèves ou encore faire les courses de ceux qui ne peuvent pas se rendre au supermarché. A l’échelle de la Bourgogne Franche-Comté, on en retrouve à Tournus, Saint Martin Belle Roche, Beauvoisin, Mâcon, Chagny, Dijon, Besançon ou encore dans le Morvan. Dans certains endroits, ces structures d’entraides existaient déjà depuis des années. C’est le cas de la ville du sel, Lons-le-Saunier, dans le Jura. Là-bas, le SEL (Système d’Echange Lédonien) créé en 2013 permet aux habitants qui le souhaitent de se rendre divers services. Pour éviter justement que la note ne soit trop salée, certains producteurs alimentaires se sont eux aussi organisés pour limiter les pertes. C’est le cas à Clermont-Ferrand, où le réseau La Doume relaie les différents producteurs qui font de la vente directe. A Bordeaux aussi, on essaie d’anticiper et de s’organiser au mieux. Ensembles, les chefs d’entreprise tentent alors de saisir la bonne info et surtout échangent quant aux démarches administratives à suivre.  En Seine-Saint-Denis, les jeunes font les courses pour les ainés et les plus faibles.[2] A Saint-Lô, les profs, les cuistos et les couturiers sont sollicités pour leurs talents et leurs compétences. Les soignants lui peuvent publier ce dont il a besoin : tâches ménagères, courses alimentaires, cours pour les enfants… Un soulagement dans cette période où ils passent l’essentiel de leur temps au travail, essayant tant bien que mal d’endiguer l’épidémie. A Châteauroux, le groupe Initiatives solidaires en Berry prévoit les prêts de voitures ou de chambres pour les travailleurs de la santé. Cette solidarité précieuse entre le personnel hospitalier et le reste de la population est au fondement d’une autre plateforme d’entraide. Il s’agit du site web http://www.enpremiereligne.fr

Capture d’écran du site enpremiereligne.fr

La sécurité alimentaire comme priorité

Cette période nous permet de mesurer la préciosité d’un autre secteur essentiel que celui de la santé, il s’agit de l’alimentaire. Partout en France des restaurants ont cuisiné gratuitement pour les équipes médicales. D’autres, comme la Brasserie des Alternatives à Saint-Brieuc anticipent et veulent faire participer tout le monde. Ils tentent en effet de « créer un réseau local de production alimentaire par les habitants et habitantes du coin pour pallier l’éventualité d’une rupture partielle ou totale des chaînes de transport et d’alimentation. » Ce temps long du confinement, est en effet la période idéale pour mettre les mains dans la terre et entamer véritablement une transition agricole. Car, l’évidence semble sauter aux yeux de bons nombres de concitoyens en ces temps exceptionnels : notre économie mondialisée est fragile, très fragile. Quoi de plus rassurant alors de planter soi-même ses légumes au milieu du quartier ou dans son jardin pour les plus chanceux ?

Photo issue de la page Facebook de la Brasserie des Alternatives https://www.facebook.com/brasseriealternativesSB/photos/rpp.475562246533521/648739892549088/?type=3&theater

Les sans-abris, encore plus vulnérables

Malheureusement nous sommes loin de la sécurité alimentaire pour tous, ces temps nous le rappellent. Les associations qui servent de rustine face à cela, sont close pour la plupart. C’est le cas des Restos du Cœur par exemple. Les plus précaires d’entres nous sont alors confrontés à une situation encore plus difficile que d’habitude. Les personnes sans-abris, lorsqu’elles ne reçoivent pas de contraventions pour non-respect du confinement (comme ce fût le cas à Lyon la semaine dernière[3]) sont confinées elles dans un isolement total. Le Secours Populaire, le SAMU Social ou les Restos Du Cœur tournent au ralenti voire pas du tout. Les membres de ces associaitons sont en effet contraints de rester chez eux pour la plupart. D’autant plus que ces bénévoles sont bien souvent des personnes plutôt âgées, le danger de multiples interactions sociales est donc d’autant plus grand. Ainsi, des âmes charitables ont décidé de prendre le relais. Sur le site Covid Entraide que j’évoquais au début de cet article, on retrouve donc des groupes qui se sont formés pour aider les plus démunis. C’est notamment le cas à Lyon. Le groupe Facebook « #PourEux Lyon » rassemble de nombreuses personnes, souvent des jeunes qui décident de cuisiner pour les SDF. Les apprentis-chefs publient alors ce qu’ils cuisinent, pour combien de personnes, et le secteur dans lequel ils se trouvent. D’autres membres du groupe se portent alors volontaires pour effectuer des livraisons et le tour est joué. Des maraudes sont alors organisées en un rien de temps. Voilà un exemple formidable d’entraide.

Captures d’écran du groupe Facebook #Poureux Lyon https://www.facebook.com/groups/350330375876632/

L’Entraide, un facteur de l’évolution

Dans la ville des Lumières on ne manque décidément d’idées et de solidarité ! Thomas Goumarre, étudiant dans une école de Design à Lyon, s’ennuyait depuis la fermeture de celle-ci. Il a alors décidé de créé l’application Covid-19 Solidarity. Le principe est toujours le même : mettre en lien les habitants d’un même quartier ou d’un même village pour pouvoir s’entraider et se soutenir mutuellement. Les Normands aussi peuvent se tarir d’avoir le cœur sur la main, et plus précisément les supporters de foot. En effet, les fans du SM Caen, ont incités les personnes en bonne santé de proposer leurs services à la préfecture pour aider ceux qui en ont besoin. Ils ont également appeler leurs membres à être exemplaire sur les règles à respecter pour limiter la propagation du virus.[4] Ainsi, un peu partout dans l’hexagone et dans le monde, le coronavirus « est en train de déclencher un tsunami de solidarité »[5] comme l’affirme Atanasse Périfan, créateur de Voisins Solidaires. Cette association a mis en ligne un kit gratuit pour aider les habitants d’un même quartier de à s’organiser. Le succès est sans appel puisque celui-ci a déjà été téléchargé plus de 100 000 fois[6] ! Allo Voisins, une autre plateforme qui permet la location d’outils entre voisins a décidé de supprimer ses commissions en ces temps si spéciaux, afin de faciliter les choses Bref, comme vous le constatez les initiatives solidaires ne manquent pas, et cela n’a rien de surprenant dans un contexte où tout le monde doit faire face à une menace commune. C’est en tout cas ce qu’affirment les biologistes et collapsologues Gauthier Chapelle et Pablo Servigne dans L’Entraide, l’autre loi de la jungle. Ce livre est une étude transdisciplinaire qui fait un tour d’horizon de la coopération dans l’ensemble du monde vivant et qui en explique les fondements. Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité de l’essai — publié à titre posthume —  intitulé L’Entraide, un facteur de l’évolution, d’un autre biologiste et père de l’anarchie, Pierre Kropotkine Il écrivait alors: « L’entraide est le fait dominant de la nature. […] Elle constitue la meilleure arme dans la grande lutte pour l’existence que les animaux mènent constamment »[7].


[1] https://reporterre.net/Face-a-la-pandemie-l-entraide-plus-forte-que-la-peur

[2] https://twitter.com/i/status/1243596547016863746

[3] https://www.leprogres.fr/edition-lyon-villeurbanne/2020/03/19/lyon-des-sdf-verbalises-pour-ne-pas-avoir-respecte-le-confinement

[4] https://www.francebleu.fr/sports/football/coronavirus-normandie-sm-caen-supporters-mnk96-1584378114

[5] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/le-coronavirus-est-en-train-de-declencher-un-tsunami-de-solidarite-estime-atanase-perifan-le-createur-de-voisins-solidaires_3872649.html

[6] https://voisinssolidaires.fr/wp-content/uploads/2020/03/Kit-Coronavirus.zip

[7]  Pierre Kropotkine, L’Entr’aide, un facteur de l’évolution, Hachette, 1906, Paris.

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